Sonnet VIII par Louise LABÉ
Je vis, je meurs: je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure:
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie:
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure:
Mon bien s'en va, et à jamais il dure:
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène:
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors peine.
Puis quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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